« Qalb Tounès placé dans l’opposition », c’est un choix inacceptable pour Ennahdha dont le président affirme que la Tunisie est encore en « période de transition » et que la configuration politique démocratique qui exige un gouvernement face à une opposition demeure une réalité dont on est encore loin.
« Un gouvernement sans Qalb Tounès n’aura pas de majorité au Parlement », a affirmé le président de l’ARP Rached El Ghannouchi dans une interview accordée, hier, sur les ondes de la radio Mosaïque Fm. S’agit-il d’un veto tactique d’Ennahdha ? En tout état de cause, la déclaration du chef du parti islamiste confirme que les pourparlers pour la formation du nouveau gouvernement bloquent. A cette condition sine qua non imposée par le parti islamiste, les réactions des partis majoritaires ne se sont pas fait attendre. La riposte de l’équipe des négociateurs du chef du gouvernement désigné n’a pas tardé non plus. Pour sa part, l’un des membres négociateurs au nom d’Elyes Fakhfakh, Fethi Touzri, ne lâche pas du lest et ne mâche pas ses mots. Il persiste et signe: « Cette condition est rejetée et nous allons poursuivre les négociations », a-t-il insisté sur les ondes du même média. Pour le secrétaire général du parti, le Courant démocratique, Mohamed Abbou, « il faut qu’Ennahdha se rende à l’évidence et prenne conscience de son poids politique réel au Parlement ainsi que de sa véritable marge de manœuvre. Les sièges dont dispose Ennahdha au Parlement lui permettent d’obtenir plus de départements ministériels mais ne lui donnent pas le droit de diriger un gouvernement ».
Tout le monde est à la quête d’un socle solide
S’agit-il d’une obstination du chef du gouvernement désigné qui refuse tous les compromis ? Ou encore d’une autre impasse qui se dessine à l’horizon ? « Il n’y a pas d’impasse politique. La réalité c’est qu’il y a un parti qui s’accroche à une condition inacceptable », a souligné Fethi Touzri à cet égard. Et d’ajouter : « Deux jours en arrière, tous les partis, en l’occurrence neuf partis politiques, étaient réunis autour d’une même table. Nous menions les négociations avec souplesse et réalisme. Le refus d’Ennhadha sera compensé par d’autres alternatives », a-t-il lancé.
« Qalb Tounès dans l’opposition » : c’est un choix inacceptable pour Ennahdha dont le président affirme que la Tunisie est encore en « période de transition » et que la configuration politique démocratique qui exige un gouvernement face à une opposition demeure une réalité dont on est encore loin. « Nous sommes toujours en période de transition démocratique. Pourquoi imposer à un parti donné un positionnement dans l’opposition. Nous avons besoin d’un gouvernement avec un socle large, pour qu’il puisse entamer les grandes réformes attendues », a expliqué Rached Ghannouchi dans sa déclaration sur les ondes de Mosaïque Fm. Mais pour le négociateur Fethi Touzri, être dans l’opposition c’est contribuer à sa manière à construire et à forger des mécanismes du contrôle de l’action gouvernementale. « Il ne s’agit pas d’un conflit existentiel. Celui qui refuse d’être dans l’opposition n’est pas en mesure de vouloir contribuer à l’édification des outils de contrôle de l’action gouvernementale. Notre projet, c’est de tisser une alliance forte et solide », a-t-il affirmé, en faisant allusion au parti Qalb Tounès. Quant à Zouhair Mahgzaoui, le secrétaire général d’Echaâb, la Tunisie est désormais face à une situation inquiétante où les partis doivent faire le choix entre lâcher du lest ou perdre encore du temps.
Entre-temps, la méfiance et la désespérance des citoyens gagnent en ampleur.